Coucou !
La dernière fois, je vous ai laissé(e)s juste avant la visite du château de Grignan. Nous allons donc nous y rendre aujourd'hui.
Au cœur de la Drôme provençale, dominant plaines et montagnes, le château de Grignan est bâti sur un promontoire rocheux surplombant le village. Témoin de l’architecture Renaissance et du classicisme français, l’édifice a connu une histoire mouvementée. Château fort mentionné dès le 11e siècle, il est transformé à la Renaissance en une prestigieuse demeure de plaisance par la famille des Adhémar. Au 17e siècle, la marquise de Sévigné y séjourne auprès de sa fille Françoise-Marguerite. Démantelé à la Révolution puis reconstruit au début du 20e siècle, il appartient depuis 1979 au Département de la Drôme qui poursuit un programme ambitieux de restaurations et d’acquisitions. Classé Monument historique en 1993 et labellisé Musée de France, le château de Grignan offre aux visiteurs de précieux témoignages sur l’art de vivre à différentes époques. Ce lieu enchanteur sert également de cadre à une programmation culturelle tout au long de l’année.
Personnages célèbres
Présentation de quatre personnages qui ont façonné l'histoire du château et contribué à sa notoriété.
Les Adhémar
Les circonstances d'installation des Adhémar à Grignan sont encore obscures. Le premier seigneur connu par un texte authentique de 1239 est Giraud Adhémar. Son prénom sera d'ailleurs transmis à onze de ses descendants. La famille Adhémar est omniprésente dans la région ; son histoire est étroitement liée au château tout au long du Moyen Âge. Les Adhémar vont connaître les honneurs militaires et, lors des croisades, s'illustrent dans le métier des armes. C'est à la fin du 15e siècle que Gaucher Adhémar hérite du château de Grignan et devient baron de Grignan. Il organise les premières transformations de l'édifice et engage la construction de la grande galerie. Gaucher Adhémar s'éteint en 1516. Son fils Louis lui succède. Gentilhomme ordinaire de la chambre du roi François 1er, il combat sous ses ordres en Italie. Le roi lui rendra visite au château en 1533. Durant sa vie, Louis Adhémar transforme radicalement le château. En 1535, il entreprend la construction de l'église Saint-Sauveur.
Le comte de Grignan
François de Castellane-Ornano-Adhémar de Monteil de Grignan, duc de Termoli, comte de Grignan et Campobasso, baron d'Entrecasteaux et chevalier de l'Ordre du roi, fait carrière dans l'armée et combat sous les ordres de Louis XIV. Sa conversation agréable et son caractère aimable séduisent ses contemporains et plaisent à mademoiselle de Sévigné, fille de la célèbre marquise. Ainsi, en 1669, à trente-six ans, deux fois veuf, il épouse Françoise-Marguerite de Sévigné qui s'installe au château en juin 1671. Le comte, devenu lieutenant général de Provence, aménage le château pour recevoir, festoyer et briller ; il dépense sans compter. Françoise-Marguerite de Grignan décède en 1705 et son mari en 1714. Leur fille, Pauline de Simiane, ne peut faire face aux créanciers. Le château est donc vendu en 1732 au marquis Jean-Baptiste de Felix du Muy.
Léopold Faure
Léopold Faure est un riche Grignanais qui rachète en 1838 à la famille du Muy le château détruit, pillé, abandonné. Il réalise le sauvetage de l'édifice : les terrasses sont consolidées, des toitures sont aménagées pour protéger ce qui subsiste. Il se lance à la recherche du mobilier qui appartenait jadis au lieu, rachetant meubles, tableaux, objets, sans être assez riche pour organiser de véritables restaurations. Il décède en 1883. En 1902, le château est vendu au célèbre dandy Boniface de Castellane qui n'hésite pas à le dépouiller de ses plus beaux atours.
Marie Fontaine
Attirée par l'Italie et la campagne provençale, Marie Fontaine, riche veuve du nord de la France, découvre le château de Grignan. Elle l'achète en 1912 et décide de consacrer sa fortune à sa restauration. Elle prend conseil auprès des érudits de son temps et organise des aménagements. La démarche et la qualité des travaux reflètent les goûts de la haute bourgeoisie de la Belle Epoque. Lorsque Marie Fontaine décède en 1937, ses héritiers ne poursuivent pas son œuvre. Le château, bien que partiellement habité, est peu à peu délaissé jusqu’à son rachat en 1979 par le Département de la Drôme.
La Marquise de Sévigné
Marie de Rabutin-Chantal est née le 5 février 1626 place Royale dans le Marais à Paris. Orpheline à 7 ans, elle est élevée par son oncle, Philippe II de Coulanges. Elle reçoit une éducation libre et moderne, lit des auteurs contemporains et se forme l’esprit en pratiquant la conversation. A dix-huit ans, Marie de Rabutin épouse Henri de Sévigné, issu d’une grande famille de Bretagne. De ce mariage naissent deux enfants, Françoise-Marguerite et Charles. Son mari meurt lors d’un duel en 1651. Madame de Sévigné s’installe à Paris et participe à la vie mondaine. Appréciée pour sa beauté et son esprit, elle est invitée à Versailles avec sa fille Françoise-Marguerite.
En 1669, sa fille épouse François Adhémar, comte de Grignan. Tous habitent dans le même hôtel particulier dans le Marais, jusqu’au jour où le comte, nommé lieutenant général pour le roi en Provence, quitte Paris. Chagrinée par cette séparation, Madame de Sévigné écrit le 6 février 1671 sa première lettre à sa fille, deux jours après son départ pour rejoindre son mari installé à Aix puis à Grignan.
Du simple badinage aux profondes réflexions, la correspondance de Madame de Sévigné apparaît comme la chronique d’une famille et d’une société au 17e siècle. Elle fera d’elle une des plus célèbres épistolières de la littérature française. Jamais publiées de son vivant, ses premières lettres sont découvertes après sa mort dans les Mémoires et Lettres de son cousin Roger de Bussy-Rabutin. Elles seront ensuite éditées sans autorisation de la famille, puis en 1734 par un éditeur aixois avec l’accord de sa petite-fille, Pauline de Simiane. Grâce à la diffusion de ses lettres, Madame de Sévigné est reconnue dès le 18e siècle comme un grand auteur, d’abord en France puis en Angleterre. Ecrivains, artistes, érudits se passionnent pour son œuvre littéraire et voyagent à la recherche de ses traces. Grignan les attire comme lieu de mémoire : le château, la collégiale, la grotte de Rochecourbière… Même en ruine, le château séduit les voyageurs, curieux de « nobles souvenirs » et de patrimoine. Bien que Madame de Sévigné n’ait effectué que trois séjours au château, elle marque profondément ce lieu de sa présence. C’est grâce à elle que les différents propriétaires se lanceront dans la restauration de l’édifice. L'esprit et la mémoire de la marquise de Sévigné demeurent à tout jamais attachés au lieu.
Il reste encore un côté du château à restaurer.
Voilà. Si vous passez par Grignan, arrêtez-vous. La petite ville est bien jolie, le château très beau et encore bien meublé.
De plus vous pourrez aussi vous rendre au village provençal qui regorge de santons mis en scènes animées et sonorisées, le musée de la typographie, et encore plein de choses, au milieu des champs de lavande et de vignes.
J'ai vécu des années à quelques kilomètres de Grignan et je n'avais jamais visité le village et le château, juste le village de santons. Au final, la famille, cela a du bon. Ca nous fait sortir...
La prochaine fois, nous irons ailleurs, mais je n'en dis pas plus...
BiZoux !
Calinquette