Nous voici de retour à Romans Sur Isère
Après vous avoir montré une partie de la ville et fait découvrir la gastronomie romanaise, je vous emmène au musée de la chaussure. C’est pour cela qu’un parcours urbain en centre-ville met en valeur 8 chaussures monumentales inspirées de modèles emblématiques et remarquables du musée, permettant de découvrir les créations de bottiers de renoms tels Jourdan, Clergerie, Kélian, Pfister, Couvé-Bonnaire, Roger-Vivier, Pérugia.
À la fin du XIXe siècle, Romans-sur-Isère connaît une importante croissance économique grâce à l'expansion de l'industrie de la chaussure. Installé depuis 1971 dans l'ancien couvent de l'Ordre de la Visitation Sainte-Marie, le musée International de la Chaussure abrite une collection unique. En effet, celle-ci retrace 4 000 ans d'histoire de la chaussure à travers le monde ! Au pied du musée, les jardins à l'italienne permettent de profiter pleinement de l'architecture très bien conservée du bâtiment.
Le musée se fait l'écho de la production romanaise autour du travail du cuir et de la chaussure.
1954, le musée « régionaliste ». Marie-Madeleine Bouvier, fondatrice du groupe folklorique Empi et Riaume, est à l'origine du musée. Dans le cadre de ses recherches sur les danses folkloriques, Marie-Madeleine Bouvier collecte des informations et des objets. Son musée présente des reconstitutions des scènes de la vie dauphinoise et une petite collection de chaussures du XIXème siècle de provenances diverses. Le musée devient municipal en 1962. Mademoiselle Bouvier fait don de sa collection à la ville de Romans.
1968, acquisition de la première collection chaussure. Sous l'impulsion de Georges-Henri Rivière, père de la muséologie en France, et sur les conseils de Marie-Madeleine Bouvier, la ville de Romans s'oriente vers un musée thématique lié à l'activité économique du territoire. En 1968, la ville fait l'acquisition de la collection du modéliste parisien Victor Guillen. Cette collection, constituée de 2000 pièces, touche 5 continents et recouvre 4 millénaires.
1971, le musée de la chaussure et d'ethnographie régionale.La ville de Romans, propriétaire de l'ancien couvent de la Visitation acquis en 1908, décide d'y installer le musée qui sera officiellement ouvert le 11 décembre 19713.
1993, le musée international de la chaussure. Le musée s'attache alors à montrer la chaussure sous l'angle technique, ethnographique et artistique. Outils, machines, documents divers retracent l'histoire locale de la mégisserie, de la tannerie, tandis que la chaussure est évoquée à travers les diverses et importantes collections du musée. En 1992, les anciennes cellules des religieuses visitandines sont restaurées et aménagées dans le but de présenter au public la chaussure comme témoin de civilisation et objet d'art de l'Antiquité à 1900. Le musée prend officiellement l'appellation « musée international de la chaussure », appellation qui trouve sa légitimité puisque l'on parle de l'histoire mondiale de la chaussure.
2003, création d'un département « peinture et chaussure ». La ville fait l'acquisition de tableaux du XVIIème au XIXème siècle grâce au soutien financier du FRAM et de l'Association des Amis du Musée. Une salle dédiée à la représentation de la chaussure dans la peinture est alors aménagée. Outre l'intérêt pictural, cet ensemble permet de visualiser l'univers de la fabrication du XVIIème à la fin du XIXème siècle et montre la permanence de l'outillage à travers les siècles.On remarque le tableau Mme Soustras, peint par Marie-Denis Villers en 1802, parmi les œuvres remarquables - prêt du musée du Louvre.
2019-2020, vocation affirmée et nouveaux enjeux. De nouvelles salles " La chaussures moderne et contemporaine" complètent le parcours historique.
Aujourd'hui, le musée conserve 20 000 objets parmi lesquels un important dépôt du Musée National de Cluny, des chaussures de créateurs, artisanales, de luxe, pièces uniques, de production industrielle ou de fonction, chaussures célèbres. Il se fait également l'écho des productions actualisées des firmes romanaises.
Entrons maintenant dans le couvent.
Les grandes chaussures de bois de l’entrée sont plus grandes que nous… De superbe embochoirs trônent sous un globe.
La première salle explique la confection des chaussures dans l'agglomération romanaise, de la peau brute au cuir, jusqu’à la finition de ces dernières et le cirage, avec tout l’outillage et les machines nécessaires pour aboutir le projet.
Les peaux brutes son lavées puis épilées. Trempées dans une solution d’agents tannants, elles deviennent imputrescibles. Les peaux étaient empilées dans des fosses avec du tan (écorces de chêne ou châtaignier moulue) pendant plusieurs mois. C’est le tannage minéral. Les peaux sont refendues dans leur épaisseur, teintes, nourries pour conserver leur souplesse. Elles sont ensuite essorées et corroyées (mises à plat) puis séchées. Enfin, le cuir est assoupli (palisson) puis mis en l’état de surface voulu par le client (toucher, couleur, brillance, lisse ou grainé) et protégé contre les tâches, rayures dégorgement. C’est le finissage. On trouve dans la première salle tout le matériel nécessaire à ces opérations.
Machine à piéter (piéteuse). Elle servait à mesurer la surface des peaux et à l’exprimer en pieds carrés.
De gauche à droite : machine à cambrer (machine destinée à cambrer la peausserie de la tige qui doit épouser le galbe du coup de pied), machine à monter les bouts de chaussures, presse à découper les semelles, machine Blake (première machine à coudre la première et la semelle de part en part, presse mécanique à découper les semelles).
Plus loin on trouve tout ce qui servait à la réalisation des chaussures. Des pinces, en passant par les formes, des fils, des clous, de boutons, etc.
Le cordonnier réalisait les patrons, puis les formes en bois, à partir de la mesure du pied. Il préparait le piquage, et coupait le cuir avant de monter les chaussures. Sont exposés ici tout ce qui est nécessaire à ces étapes.
Vient ensuite la couture trépointe. Le cordonnier coud ensemble, par une succession de points identiques, la tige, la première de montage et la trépointe. On nous montre aussi les outils pour la préparation et la pose de la semelle et du talon.
Puis, c'est le finissage. Le cordonnier donne à la chaussure son aspect définitif avec les cires, les râpes, les fers à lisser, les mailloches, les embourroirs et tranchets, etc. Sans oublier les lacets.
J’ai trouvé ce range boîtes à cirages trop beau ! Dommage, avec la vitrine on ne la voit pas bien.
Au fond de la salle se trouvent des chaussures de Charles Jourdan, de Robert Clergerie, de Rivat (chaussures de sport) qui ont été formés à Romans.
Le bâtiment est magnifique. Les outils et explications nous ramènent à des temps pas si anciens. Tout ce savoir-faire est vraiment intéressant à découvrir.
On avance un peu plus dans le couvent pour trouver la salle «La peinture dans la chaussure », ouverte en 2003.
Pas besoin d’explications, je vous laisse savourer peintures et autres objets artistiques. Ici aussi on trouve quelques outils de cordonniers et savetiers.
Je termine ici la visite qui reprendra dans un prochain billet. Il reste plein de salles à découvrir, et je ne vous en ai montré que deux…
A bientôt donc ! Bisouilles.
Calinquette